samedi 26 avril 2014

Une 63e espèce pour la cour!

Alors que j'étais en train de souper seul avec les enfants, je vois du coin de l'oeil un petit groupe d'oiseaux se poser au pied des mangeoires. Pensant confirmer mes premiers Bruant à gorge blanche de l'année, quelle ne fut pas ma surprise de poser mes jumelles sur une femelle Roselin pourpré, puis une autre, puis... un Bruant à gorge blanche.

Le Roselin pourpré devient donc la 63e espèce observée depuis ma cour depuis mai 2009. Pour la majorité des cours bien situées et aménagées pour les oiseaux, ce chiffre n'est pas très impressionnant, mais pour la mienne oui! Mis à part deux mangeoires, un arbre et une haie de cèdre, celle-ci n'a rien de particulièrement attrayant pour les oiseaux. Surtout pas le poste hydroélectrique qui est mon voisin arrière. En fait, pour faire un clin d'oeil à la célèbre Petite cour de l'Est de Francine Tougas, j'ai surnommé la mienne la Petite cour moche de l'Est...

Ceci étant dit, le nombre de 63 espèces démontre que même les cours les plus moches peuvent accueillir une belle diversité lorsqu'on y prête un peu d'attention.


mardi 8 avril 2014

Une «croisière» et de la route!

Le plan de la journée est un peu plus brouillon ce matin. Au départ, nous devions faire une croisière sur le lac Azuéi, mais un malentendu avec le capitaine du bateau fait qu'il n'est pas disponible. Mais c'était sans compter sur l'insistance de l'un de nos guides, Jashua. Le capitaine finira par être disponible...

Je pars donc explorer les sentiers en attendant que le capitaine soit à son bateau. Je finis notamment par mettre mes jumelles sur le Pic d'Hispaniola, un endémique que nous n'avons qu'aperçu hier après-midi. Le nom créole de cet oiseau est le Sepantye, qui a sans aucun doute un lien avec le mot «charpentier».

Alors que Robert et Maxon m'informent que nous en sommes rendus au plan D (on ne va plus faire de croisière...), nous apercevons un oiseau de bonne taille qui s'envole du sol pour aller se poser en bordure de forêt. Une Chevêche des terriers! Puis une autre! On retouve facilement le nid, situé à quelques mètres seulement du quai... où nous attend le capitaine du bateau! Nous en sommes donc au plan E : nous ferons finalement la croisière sur le lac Azuéi. C'est un voyage exploratoire hein! Faut bien s'attendre à quelques «improvisations».

Comme j'ai mentionné hier, le lac Azuéi est le plus grand lac en Haïti. Rien de bien intéressant au niveau ornithologique toutefois, sauf quelques baies où il est possible de trouver foulques et autres espèces aquatiques. De plus, si le parc naturel Quisqueya espère éventuellement accueillir des groupes, il devra s'équiper d'une embarcation meilleure qu'une petite chaloupe limitée à quatre passagers, et qui ne prend pas l'eau...

Le lac Azuéi vu depuis... le lac Azuéi!
La Foulque à cachet blanc se distingue de sa cousine la Foulque d'Amérique,
aussi bien présente, par le bec qui monte jusque sur le dessus de la tête. On
mentionne dans les guides un cercle noir au bec comme critère distinctif, mais
c'est loin d'être un critère facilement observable aux jumelles.
Une des espèces les plus abondantes en Haïti, le Tyran gris.

La route vers Labrousse

Après cette exploration de la forêt sèche de basse altitude, nous nous dirigeons vers les hauteurs de l'intérieur du pays, plus particulièrement dans la région de Labrousse. Nous devons donc traverser à nouveau la ville de Port-au-Prince, en plein trafic cette fois-ci. Il est maintenant plus difficile de trouver des ruines témoignant du séisme de 2010, mais on sent tout de même que la ville est très loin d'avoir terminé sa reconstruction. Le pays étant complètement déboisé, on suppose que le prix du bois-d'oeuvre est élevé. D'où l'utilisation quasiment exclusive de blocs de béton dans la construction de tous les bâtiments, résidentiels comme commerciaux et industriels. En fait, le seul bâtiment qui jure dans le décor de par sa modernité et ses fenêtres en vitre (très rares!) est celui de Digicel, la riche compagnie de cellulaires.

Quartier de Port-au-Prince
On peut trouver des mangues fraîches pratiquement à tous les coins de rue
de Port-au-Prince. 

Vient ensuite le chemin de Labrousse, qui nous fait comprendre la nécessité absolue de circuler en véhicule 4x4. En fait, avant aujourd'hui, je ne savais pas qu'il était possible de rouler sur de telles routes en voiture! La route est sinueuse, étroite, à flanc de montagne et parsemée de grosses roches. Et selon nos chauffeurs, nous n'avons encore rien vu; c'était aujourd'hui de la petite bière comparativement à la route de Macaya et de La Visite, que nous ferons plus tard cette semaine.

Même si rien n'indique que nous ferons des observations exceptionnelles dans la région de Labrousse, cette visite revêt une importance capitale dans notre mission. Il s'agit en fait du «siège social» de l'organisme qui a lancé l'idée de cette mission, FODES-5. Grâce à cette organisation, la petite localité de Labrousse bénéficie maintenant d'une école et d'un centre hospitalier qui fait l'envie de tout Haïti. D'ailleurs, des stagiaires en médecine et en pharmacologie du Québec viennent régulièrement compléter leur formation ici.

L'objectif est maintenant d'y attirer des touristes! Nous profiterons donc de notre passage à Labrousse pour inventorier le secteur, mais aussi pour initier des jeunes de la région aux plaisirs du loisir ornithologique. Je publierai demain des photos du paysage suite à cette excursion. En attendant, voici quelques oiseaux observés aujourd'hui à Labrousse.

Le Pic d'Hispaniola, le Sepantye bien connu de tous les Haïtiens, même des
non-ornithologues...
L'Esclave palmiste semble être aussi bien connu de tout le monde, même de
ceux qui ne s'intéressent pas nécessairement aux oiseaux.
Une belle surprise que cet Oriole à capuchon qui nous attendait dans le
jardin adjacent à notre lieu d'hébergement de Labrousse.

lundi 7 avril 2014

Trou-Caïman et parc naturel Quisqueya

Nous partons très tôt ce matin pour notre première excursion. Destination : Trou-Caïman, un petit lac d'une superficie d'environ 16 km2 et entouré de zones humides. Le soleil n'est toujours pas levé à notre arrivée, mais les pêcheurs se préparent déjà à embarquer sur le lac.

Le Trou Caïman est un ancien lac salé situé dans la plaine du Cul-de-Sac.
Les parulines en migration, principalement à couronne rousse, abondent dans
 la végétation sèche bordant le Trou Caïman. C'est aussi dans ces buissons
que nous pouvons admirer notre premier endémique, le Katje à couronne noire.
Les zones humides bordant le lac sont excellentes pour trouver des limicoles.

Aussitôt que le soleil s'éclaircit un peu, nous commençons à enregistrer nos premières observations : bihoreaux, aigrettes, ibis, foulques, limicoles, etc. Parmi les observations d'intérêt, mentionnons un voilier d'environ 125 Ibis falcinelles, un groupe mixte de Foulques d'Amérique et à cachet blanc (qui nous a d'ailleurs permis d'apprécier la différence entre les deux espèces), une dizaine de Conures maîtresse, ainsi que notre premier Katje à couronne noire (endémique).

La liste complète des observations est disponible à l'adresse suivante :
http://ebird.org/ebird/view/checklist?subID=S17797011.

Pluvier kildir, évidemment pas l'espèce la plus exotique...
Une cinquantaine de Flamants des Caraïbes étaient présents lors de notre visite.

Le Parc naturel Quisqueya

Après cette première excursion, nous nous dirigeons vers le parc naturel Quisqueya, situé en bordure du lac Azuéi (ou Étang saumâtre sur Google Maps), le plus grand lac d'Haïti (170 km2). 

Lieux visités lors de cette première vraie journée d'ornithologie en sol haïtien.

Le parc lui-même est d'une superficie d'environ 115 km2 et est caractérisé par une végétation sèche. Au niveau de l'avifaune, on y trouve le Coulicou manioc, l'Ani à bec lisse, le Martinet petit-rollé, le Colibri nain, le Todier à bec large (endémique), le Pic d'Hispaniola (endémique), etc.

À notre arrivée, on nous installe dans nos choucounettes, notre hébergement
dans le parc naturel Quisqueya.
Vue depuis le balcon de notre choucounette. On aperçoit en arrière-plan le lac
Azuéi ainsi que la République dominicaine.
Sentier qui traverse la forêt sèche.
Mais qui peut bien construire ces nids?
Réponse : le Tisserin gendarme, un oiseau originaire d'Afrique et introduit dans
plusieurs pays. Il est souvent considéré comme une peste.
La femelle du Tisserin gendarme.
Le Todier à bec large, un autre endémique à l'île d'Hispaniola. On le distingue
de son cousin à bec étroit par l'oeil foncé et la mandibule inférieure
complètement rouge.
Le Coulicou manioc, une belle surprise inattendue alors que nous étions à
la recherche du Tacco d'Hispaniola.

Le village englouti

En fin d'après-midi, nous entreprenons une dernière randonnée dans le parc, cette fois-ci pour visiter ce qui reste d'un village englouti. Le niveau de l'eau du lac Azuéi aurait augmenté de façon dramatique et inexpliquée depuis 2006. Plusieurs hypothèses ont été mises de l'avant pour expliquer cette montée des eaux, dont celle d'un phénomène géologique.

Les habitants du village englouti ont dû reconstruire un autre village en bordure du lac. Cette virée nous permet d'ajouter à notre liste d'espèces la Mouette atricille, le Tournepierre à collier, etc.

Le village englouti.
De jeunes pêcheurs.
Aigrette tricolore posée sur ce qui reste d'une maison engloutie.

Pour la liste complète des observations faites lors de cette première journée au parc naturel Quisqueya : http://ebird.org/ebird/view/checklist?subID=S17797018.

Un selfie depuis la tour d'observation du parc naturel Quisqueya. Ma
nouvelle photo de profil sur les réseaux sociaux! ;)
Un magnifique coucher de soleil en bordure du lac Azuéi.

dimanche 6 avril 2014

Byenveni nan Ayiti!

C'est en juillet dernier que j'ai pris connaissance du projet de Michel Asselin et de la Collaboration Québec-Haïti, ayant pour objectif d'aider les Haïtiens à développer l'écotourisme, en particulier le tourisme ornithologique. On se rappellera que le pays traîne depuis trop longtemps une mauvaise réputation au niveau de la sécurité, en plus d'avoir été dévasté en 2010 par un violent tremblement de terre au triste bilan de 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris.

Après quelques hésitations, notamment à cause de la logistique familiale, j'ai finalement décidé de joindre le groupe formé de Michel Asselin, Pierre Beaulé et Robert Dion, tous trois membres du Club d'ornithologie du Haut-Richelieu. Dans les 10 prochains jours, nous allons sillonner le sud du pays afin de visiter les meilleurs sites d'observation et évaluer la possibilité d'y organiser éventuellement un circuit ornithologique régulier. De plus, lors de notre passage dans la région de Labrousse, nous allons initier quelques jeunes Haïtiens aux plaisirs du loisir ornithologique.

Je dresserai dans les prochains jours un compte-rendu quotidien de cette aventure.

Jour 1

Cette première journée donc a essentiellement été consacrée au transport (départ de Montréal vers 6h10, escale à Miami, puis arrivée à Port-au-Prince vers 13h55), ainsi qu'à la rencontre des gens avec qui nous vivrons cette expérience. Notre quatuor sera accompagné de :

  • Maxon Fildor, guide-ornithologique de la Société Audubon Haïti;
  • Jashua Guilbaud, guide-accompagnateur de Bousol Ayiti;
  • Figaro Delouis, chauffeur;
  • Un autre chauffeur que nous rencontrerons demain.

De plus, toute la logistique sera entre les mains de Rachelle et Valéry Étienne, de l'agence Bousol Ayiti.

On débute demain pour de bon, avec l'exploration du Trou-Caïman et du Parc naturel Quisqueya.

Vue de Port-au-Prince, depuis l'Observatoire de Boutillier.